6666 : y'a pas que des plages... (partie 2)
Publié le 1 Mai 2010
Section 4 : Colombières - Mons
15km – 900m D+ : 3h23
A l’abordage du Caroux ! Après en être descendu, nous remontons sur le plateau. Je repars seul de Colombières. Les écarts se sont creusés à présent. Et j’apprécie de faire cette montée tout seul, dans les Gorges rocheuses, là où on mesure tout le côté sauvage des lieux. Quand ça ne monte pas, des sections planes permettent de relancer en retrouvant une foulée presque rapide (en comparaison à de la marche en montée, il n’y a pas grand mérite !)
Je pense que c’est cette section que j’ai préféré. À tel point que j’ai sûrement cramé pas mal de forces dans cette partie sans m’en rendre compte. Je suis en effet monté à bon rythme, gonflé à bloc par le mal de tête qui s’éteignait, par un physique frais comme au départ, et par le plaisir de contempler toute cette nature à l’état brut.
C’est sur cette section que j’ai pu sortir l’appareil photo après une nuit sans flash, et me gaver de photos pour immortaliser ce moment, le genre de moments pour lesquels on fait ce genre de courses. Dans la montée, je reprends un coureur puis atteint la Fage, un refuge tout en pierres au milieu des pierres du décor…
On m’annonce 44ème et cela m’étonne un peu, je me voyais beaucoup plus loin dans le classement. J’imagine donc qu’il y a eu pas mal d’abandons et de casses diverses car nous étions 135 au départ. Je poursuis ma progression au milieu d’un déluge de rochers et de surfaces minérales à l’âge vénérable, en suivant le parcours très bien indiqué par les rubalises. Et je rejoins un autre coureur au moment où la pente s’adoucit.
Nous arrivons sur le plateau du Caroux. Le sol devient mou, me rappelant les tourbes du Sancy 2009. Ce passage plat permet de relancer un peu ou simplement de faire tourner les jambes pour rejoindre la table d’orientation. Le paysage est superbe. On aperçoit la mer méditerranée derrière une succession de plissures vallonnées. Je prends de nouvelles photos, et me pose cinq minutes pour profiter de la vue. C’est ici le point culminant de la course, à une altitude qui tutoie les 1100m. Pas très haut dans l’absolu mais par rapport à la mer toute proche, l’effet est toujours sympathique…
Lorsque je repars, je suis à nouveau seul. Il est maintenant temps d’aborder une nouvelle difficulté, la terrible descente du Sentier des Gardes. Terrible car technique, longue et cassante. Il faut encaisser 850m de dénivelé négatif en 4 kilomètres sur un sol rocheux à souhait. Je languis la passerelle des soupirs qui porte très bien son nom et qui marque la fin de la descente.
Là encore je vais passer en mode Super Prudent pour rejoindre le point bas en un seul morceau. Les jambes tiennent le coup et ne flanchent pas, ce qui m’étonne un peu mais je ne vais pas me plaindre. Je sens malgré tout que ça tape un peu sur les marches en pierre. Les Inov-8 n’ont pas l’amorti des New Balance mais je n’ose pas imaginer le massacre si j’étais chaussé des NB908 (précédemment décédées lors d’un week-end choc…)
Enfin j’arrive au petit pont qui enjambe un fin cours d’eau et de grosses roches, salué par les encouragements de trois spectateurs bravant un soleil déjà généreux.
Un peu de goudron en faux plat montant et je rejoins le ravitaillement de Mons. Il est un peu plus de 10h du matin, je coiffe une casquette, enfile les lunettes de soleil et me prépare un sandwich avec le pain, le jambon et le fromage du ravito tenu par les pompiers.
J’échange quelques mots avec deux ou trois concurrents qui sont là. Puis c’est au tour de la poche à eau, toujours moitié eau plate, moitié eau gazeuse. Je remarque que je n’ai pas beaucoup bu car je n’ajoute pas beaucoup de liquide. On remet le sac sur les épaules et on repart ! Un peu plus de 70 kms, un peu plus de 3500m de D+ avalé, l’équivalent d’un Sancy 2009 : à partir de maintenant, je n’ai jamais couru autant d’une seule traite…